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Nigel Farage sous pression face à des accusations de racisme

27.11.2025 15h52

Nigel Farage sous pression face à des accusations de racisme

Leader de Reform UK, Nigel Farage est dans la tourmente depuis quelques jours suite à des accusations de racisme et d'antisémitisme (archives).

Photo: KEYSTONE/AP/Peter Byrne

Nigel Farage, le chef du parti anti-immigration Reform UK, en tête des intentions de vote au Royaume-Uni, peine à se dépêtrer d'accusations de propos racistes et antisémites qu'il aurait tenus adolescent, qu'il a démentis avec une certaine ambiguité.

Ces accusations ont émergé la semaine dernière dans le journal de centre-gauche The Guardian, qui a publié des témoignages d'une dizaine d'anciens élèves ayant fréquenté en même temps que Nigel Farage le prestigieux Dulwich College, dans le sud de Londres, dans les années 1970.

Depuis, Nigel Farage, 61 ans, et son parti Reform UK ont du mal à faire taire la polémique, offrant une défense et des arguments changeants. Mercredi, il a ainsi qualifié de 'simplement fausses' les déclarations d'un des anciens élèves ayant témoigné, mettant en avant ses 'opinions politiques différentes'.

Il a aussi affirmé qu'il était 'sincèrement désolé' si cet ancien élève avait été 'blessé', tout en insistant qu'il n'aurait 'jamais, jamais dit ou fait une chose pareille à un être humain'.

Parmi ses accusateurs, le réalisateur Peter Ettedgui, qui est juif, a notamment affirmé que lorsqu'il avait 13 ans et était en classe avec Nigel Farage, ce dernier s'approchait de lui en disant ''Hitler avait raison' ou 'Gazez-les'', ajoutant parfois un long sifflement pour imiter le bruit des chambres à gaz'.

Chanson raciste

Il a aussi raconté avoir entendu d'autres insultes proférées par Nigel Farage à l'encontre d'élèves d'origine pakistanaise. Un autre ancien élève a affirmé que Farage chantait à l'époque une chanson raciste et faisait le salut nazi. Dans la foulée des informations du Guardian, le Premier ministre Keir Starmer, dont le parti a chuté en popularité avec la montée en puissance de Reform UK, avait exhorté Nigel Farage à 's'expliquer'.

Reform UK avait alors fermement rejeté les accusations, dont certaines avaient déjà émergé par le passé. Il les avait jugé 'entièrement infondées' et affirmé qu'il n'y avait 'aucune preuve pour corroborer ces souvenirs contestables datant d'il y a près de 50 ans'.

Pour Robert Ford, professeur de sciences politiques à l'université de Manchester, cette polémique ne devrait pas changer l'image de Nigel Farage auprès des électeurs. Elle ne va faire que 'renforcer les opinions existantes' à son sujet, entre ceux qui jugent qu''il ne devrait pas être à la tête du pays', et ceux qui le défendent face à 'une élite médiatique hostile qui déterre de vieilles histoires' contre lui, dit-il.

Reste que la polémique continue. Lundi, Nigel Farage s'est montré moins catégorique devant des journalistes qui l'interrogeaient à nouveau sur les témoignages du Guardian. 'Je n'aurais jamais, jamais fait cela de manière blessante ou insultante', a-t-il dit, ajoutant que si ça avait été le cas, ce n'était 'pas intentionnel'.

'Plaisanteries de récréation'

Il a toutefois admis avoir pu être l'auteur de 'plaisanteries de cour de récréation', susceptibles de prendre une autre signification 'avec le regard d'aujourd'hui'. Le lendemain, Reform publiait un communiqué dans lequel Nigel Farage assurait une nouvelle fois n'avoir 'pas tenu les propos publiés dans le Guardian'.

Peter Ettedgui a répliqué sur la BBC qu'il trouvait 'fondamentalement malhonnête' de suggérer que ses anciens camarades de classe aient menti.

Ce n'est pas la première fois que Reform UK doit se défendre face à des accusations de racisme. Lors des dernières élections législatives en 2024, plusieurs de ses candidats avaient été épinglés pour avoir tenu des propos racistes.

La polémique intervient aussi alors que l'ancien chef de Reform au Pays de Galles, Nathan Gill, a été condamné à plus de dix ans de prison pour corruption au profit de Moscou lorsqu'il était député européen pour le parti UKIP, au côté de Farage.

Mercredi, le Premier ministre Keir Starmer a jugé que ces accusations contre Nigel Farage révélaient les 'vraies couleurs' de Reform UK et a accusé le parti d'être 'gangrené par la propagande pro-Poutine'.

Pour le professeur Ford, toute cette affaire montre que Nigel Farage doit désormais s'habituer à 'être constamment scruté' maintenant qu'il a l'habit du 'favori'.

/ATS