Liban: le pape appelle les chefs religieux à combattre l'intolérance
Le pape Léon XIV a participé à une rencontre interreligieuse avec les représentants des douze communautés chrétiennes et quatre musulmanes du Liban.
Photo: KEYSTONE/AP/Mohammad ZaatariLe pape Léon XIV a appelé lundi les chefs des différentes communautés religieuses libanaises à combattre l'intolérance et la violence dans le pays multiconfessionnel qui l'a accueilli avec ferveur.
Au deuxième jour de son déplacement, le souverain pontife a été acclamé par des milliers de fidèles qui ont attendu pendant des heures sous la pluie battante pour l'apercevoir lors de ses déplacements.
Certains poussent des youyous, d'autres lancent du riz en signe de bienvenue, au passage de la papamobile. Cette visite 'nous a rendu le sourire (..) après toutes les difficultés que nous avons traversées', dit à l'AFP Yasmine Chidiac.
'Des artisans de paix'
Moment fort de la journée, une rencontre interreligieuse s'est tenue dans une immense 'tente de la paix' érigée pour l'occasion sur la place des Martyrs au coeur de Beyrouth, espace emblématique symbole de mémoire nationale. 'Vous êtes appelés à être des artisans de paix: à affronter l'intolérance, à surmonter la violence et à bannir l'exclusion', a lancé le pape dans ce pays profondément divisé.
Tour à tour, les représentants des douze communautés chrétiennes et quatre musulmanes se sont succédé pour souligner l'importance du vivre ensemble au Liban, qui a connu une longue guerre civile (1975-1990).
'Un espoir pour le Liban'
Auparavant, le pape s'était rendu au monastère de Annaya, au nord de Beyrouth, où il s'était recueilli sur la tombe de Saint Charbel Makhlouf (1828-1898). Ce moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est très populaire chez des Libanais de toutes les communautés dont beaucoup croient en ses miracles.
'Tout le monde va à Rome pour voir le pape, mais il est venu chez nous, et c'est la plus grande bénédiction (..) et un espoir pour le Liban', confie Thérèse Darouni, 65 ans.
La visite papale suscite un vif enthousiasme au Liban, au moment où le pays craint un retour de la guerre avec Israël. En dépit d'un cessez-le-feu intervenu il y a un an entre le Hezbollah pro-iranien et le pays voisin, l'armée israélienne a intensifié ces dernières semaines ses frappes au Liban.
Deux jours fériés
Les autorités ont proclamé deux jours fériés à l'occasion de la venue de Léon XIV, troisième pape à se rendre en visite officielle au Liban, après Jean Paul II en 1997 et Benoît XVI en 2012.
Le souverain pontife s'est également rendu au sanctuaire de Harissa, au pied de la statue de Notre-Dame du Liban qui surplombe la baie de Jounieh, sur la Méditerranée. Il s'y est offert un bain de foule parmi des centaines d'évêques, prêtres et religieux, dans une nuée de smartphones et de 'Viva il Papa'.
Dans son discours prononcé en français, Léon XIV a invité les Libanais à 'continuer à espérer', 'même lorsque le bruit des armes gronde aux alentours et que les exigences de la vie quotidienne deviennent un défi'.
'Nous avons vécu près de deux ans et demi de guerre, mais jamais sans espoir', confie le père Tony Elias, 43 ans, prêtre maronite du village de Rmeich, tout proche de la frontière israélienne.
Appels à l'union
Le pape américain 'porte en lui un véritable message de paix (..) Le Liban est las, il ne peut plus supporter 50 ans de guerre, et il aspire à la paix', ajoute le prêtre, qui porte un foulard blanc frappé des drapeaux du Vatican et du Liban.
'Au moment où nous sommes confrontés à de nombreux problèmes économiques, sociaux et politiques, nous avons besoin d'espoir', renchérit Elias Abou Nasr Chaalan, 44 ans.
'Nous devons nous unir en tant que Libanais, comme le pape a réuni les responsables et les chefs religieux lors de son arrivée, car c'est en restant unis que nous pouvons surmonter toutes les difficultés', ajoute ce père de deux enfants.
Le Liban est la seconde étape du premier déplacement international de Léon XIV, après une visite en Turquie marquée par le dialogue pour l'unité des chrétiens. Il devait encore rencontrer des jeunes en début de soirée au patriarcat de Bkerké (nord).
/ATS