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Américaine accusée d'être à l'origine d'un lynchage pas inculpée

10.08.2022 00h53

Américaine accusée d'être à l'origine d'un lynchage pas inculpée

L'auteur d'un livre consacré à l'affaire avait assuré en 2017 que Carolyn Bryant lui avait avoué ne jamais avoir été agressée par le garçon (archives).

Photo: KEYSTONE/AP/Allen G. Breed

Un jury américain a décidé de ne pas inculper une femme accusée de complicité dans le lynchage en 1955 d'un adolescent noir devenu un symbole de la lutte pour les droits civiques. Les preuves ont été déclarées insuffisantes, a dit mardi un procureur du Mississippi.

Des témoins 'ayant une connaissance directe du dossier' et des enquêteurs ont été entendus pendant plus de sept heures, a précisé dans un communiqué le procureur du comté de Leflore.

Emmett Till, un adolescent noir de 14 ans originaire de Chicago, avait été enlevé, torturé et tué en 1955 dans le Mississippi, Etat ségrégationniste du sud des Etats-Unis, alors qu'il rendait visite à des membres de sa famille.

Carolyn Bryant, une femme blanche âgée alors de 21 ans, avait assuré qu'il l'avait sifflée et avait tenté de la peloter. A la suite de ses accusations, l'adolescent avait été enlevé. Son cadavre avait été retrouvé 72 heures plus tard dans une rivière.

Corps mutilé

La mère de l'adolescent avait exigé que son cercueil reste ouvert à ses obsèques, afin que le monde se rende compte des sévices qu'il avait endurés. Les photographies du corps mutilé étaient entrées dans l'histoire.

Arrêtés pour le meurtre, Roy Bryant, le mari de Carolyn Bryant, et J.W. Milam, son demi-frère, avaient été acquittés par un jury intégralement blanc. Protégés par ce verdict, les deux hommes blancs avaient ensuite relaté à un magazine, comment ils avaient tué l'adolescent. Ils sont aujourd'hui décédés.

Une équipe enquêtant sur le meurtre d'Emmett Till avait trouvé en juin, dans le sous-sol du tribunal du comté de Leflore, un mandat d'arrestation à l'égard de Carolyn Bryant. Le mandat n'avait jamais été mis à exécution et sa découverte a relancé les poursuites.

Avant cela, en 2004, le ministère de la justice avait rouvert l'enquête, mais n'avait pas pu intenter de poursuites en raison des délais de prescription. L'auteur d'un livre consacré à l'affaire avait assuré en 2017 que Carolyn Bryant lui avait avoué ne jamais avoir été agressée par le garçon.

En mars, le président américain Joe Biden a signé la loi Emmett Till, faisant du lynchage un crime fédéral et prévoyant une peine allant jusqu'à 30 ans d'emprisonnement.

/ATS